L’AVC est une urgence :
Des séquelles définitives dues à un AVC, voire un décès brutal sont à redouter. Si on peut, il faut agir immédiatement car un traitement est d’autant plus efficace s’il est administré tôt. Pour répondre à cette urgence, les hôpitaux des grandes villes principalement ont développé des « unités neuro vasculaires » (UNV), encore appelés « Stroke Centers » dans les pays anglophones. Ces unités hospitalières reçoivent immédiatement 24H/7J toute personne craignant présenter un symptôme évocateur.
Les accidents vasculaires cérébraux regroupent plusieurs situations cliniques qui s’opposent selon la cause du problème:
- AVC lié à une hémorragie méningée ou cérébrale (15% des cas), ou
- AVC lié à l’obstruction d’une artère (85% des cas) entraînant une ischémie pouvant être transitoire ou définitive.
Ces distinctions sont importantes car la prise en charge aux urgences sera différente. Pourtant les symptômes sont presque les mêmes. D’où l’importance que prend l’imagerie radiologique (IRM et/ou scanner) pour faire à la fois le diagnostic et différencier l’origine hémorragique ou ischémique.
En France: 150 000 AVC par an, soit un AVC toutes les quatre minutes. 20% des sujets atteints décèdent dans les semaines qui suivent, 30% gardent des séquelles définitives. Il est la première cause de handicap, la troisième cause de décès après les accidents coronariens (qui sont aussi des problèmes de thrombose) et les cancers. Et pourtant, seulement 5% des victimes bénéficient d’une admission dans une UNV.
Chacun est en mesure d’améliorer le pronostic de cette pathologie grave en étant vigilant pour soi et pour les autres car des petits signes précoces mais évocateurs vont vous alerter et vous suggérer la bonne décision : foncer à l’hôpital. Vous avez un peu de temps devant vous mais très peu!
Un peu de physiopathologie:
- L’AVC ischémique est lié lié à l’obstruction d’une artère par un caillot de sang. D’où vient-il? Très souvent à l’origine on retrouve une pathologie préexistante: l’athérosclérose, se manifestant par la formation de plaques d’athérome dans la paroi de vaisseaux, en général de grosses artères comme la carotide. Ces plaques, avec le temps, finissent par se rompre, libérant leur contenu et provoquant l’activation de la coagulation. Il en résulte la formation d’un caillot qui est entraîné dans le flux vasculaire, migre d’artères en artères de calibre de plus en plus petit. Il finira par être bloqué dans une artériole (petite artère), créant l’obstruction. Les signes cliniques exprimés par la victime de cet AVC seront fonction de la nature du territoire cérébral dépendant de l’artériole bouchée. L’origine du caillot, dans des situations autres n’est pas la plaque d’athérome mais une pathologie cardiaque mal contrôlée qui provoque la formation également d’un caillot qui migrera vers le cerveau. La souffrance du cerveau s’aggrave de minutes en minutes, on parle d’une durée maximale de 4h30 pour agir et prévenir les séquelles.
- L’AVC hémorragique est lié à une artère ou une artériole qui se rompt, le sang se répand dans le tissu cérébral autour du vaisseau lésé, le territoire cérébral dépendant du vaisseau est privé d’oxygène et des nutriments nécessaires au fonctionnement des neurones. Les causes sont multiples, soit la paroi du vaisseau incriminé, avec l’âge et certains facteurs de risque (cf plus loin) devient plus dure, plus cassante, plus fragile, soit cette paroi est le siège de malformation, très souvent un anévrisme qui avec le temps et les facteurs mécaniques s’aggrave pour rompre finalement.
- Les Facteurs de risque, combinés pour les deux classes d’AVC :
l’âge mais l’AVC se voit aussi chez des jeunes
des antécédents toxiques : tabac (risque multiplié par 3), alcool et malnutrition (33% des AVC), traitement oestrogénique
surpoids, obésité, tour de taille élevé (graisse abdominale) : 36% des AVC
des antécédents vasculaires: l’hypertension artérielle, HTA (40% des AVC);
cardiaques: la fibrillation auriculaire (risque multiplié par 4)
la sédentarité, le stress, la dépression
des troubles métaboliques: diabète, hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie
Qu’il soit de nature hémorragique ou ischémique, l’AVC présente des symptômes d’apparition brutale, tantôt intenses qui ne laissent pas de doute soit minimes qui peuvent faussement faire croire à un incident banal qui va se dissiper. Jamais hésiter, mieux vaut se tromper que de sous estimer un AVC.
Les signes précoces peuvent se combiner en plusieurs tableaux cliniques:
- Engourdissement du visage, impossibilité de sourire,
- Déformation, paralysie du visage avec un faciès asymétrique caractéristique
- Engourdissement, faiblesse d’une jambe
- Perte ou trouble de la parole
- Confusion
- Perte brutale de l’équilibre, déséquilibre lors de la marche
- Mal de tête violent, inhabituel
- Perte de vue d’un oeil, amputation du champ visuel, vision double
Ces signes peuvent aussi évoquer une hypoglycémie chez un diabétique ou une épilepsie. Cela sera vérifié à l’hôpital, la prise en charge qui en découle est complètement différente.
Dans le cas de l’AVC ischémique, 85% des AVC, il est une forme, l’accident ischémique transitoire (AIT) qu’il faut savoir reconnaître. Un ou plusieurs des signes suivants apparaissent de façon soudaine et régressent en quelques minutes:
- oeil : trouble de la vision, baisse de l’acuité visuel, perte d’une partie du champ de vision
- un membre : engourdissement, perte de force, trouble de l’équilibre
- la parole : trouble de l’élocution, perte des mots, confusion
Ces signes signifient que l’obstacle est en train de se constituer. Le risque de faire un AVC dans la semaine est très important. Il y a donc urgence à se faire examiner.
10 facteurs de risque associés à 90% des AVC sont modifiables
(source: étude INTERSTROKE, actualisée 2016. www.solidarités-sante.gouv.fr):
- Contrôler l’HTA
- Perdre du poids si surpoids-obésité
- Pratiquer régulièrement une activité physique au moins 30 mn, 5 jours par semaine
- Equilibrer son alimentation : fruits, légumes et diminuer le sel
- Suivre le traitement prescrit si affection cardiaque
- Contrôler le diabète et une dyslipidémie
- Réduire l’exposition au stress
- Surveiller son taux de cholestérol
A retenir et en conclusion:
Si vous êtes témoin d’un AVC ou AIT se constituant et dont les symptômes sont peu marqués, vous pouvez toujours demander à la personne de prononcer une phrase simple, de sourire, de lever les deux bras et de tirer la langue: toute anomalie, en particulier une dissymétrie ou une impossibilité de répéter la phrase est évocatrice.
Vous demanderez également si la personne a un des facteurs de risque